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L'actu Aventure Verticale

01/01/2011

Expédition Spéléo et Canyon aux Philippines - Récit

Expéditions

L’expédition aux Philippines s’est déroulée du 4 mars au 7 avril 2017.

Nous étions 5 spéléologues/canyon français et 2 philippins et 2 villageois, ainsi que momentanément 10 à 13 porteurs (lors des arrivées et départs des campements)

Voici des extraits de nos aventures.

Photos : Catherine Caullier et Stéphane Maifret

 

Camp spéléo

Sur l’île de Samar, depuis Palo Uno, Mac-Mac et June (2 villageois) nous accompagnent vers ce que nous espérons être la résurgence de Mawoyog (réseau découvert en 2015 avec arrêt sur siphon).
Nous découvrons le porche de MAGBALOGO qui absorbe une belle rivière.
Plus loin, une petite résurgence, MASLOG, semble trop intime pour correspondre aux volumes de Mawoyog.
La perspective d’explorer Magbalogo, en tous cas, nous incite à venir installer notre camp dans ce secteur.

Nous sommes partis de Palo Uno avec armes et bagages. 11 porteurs nous accompagnent. La marche est assez courte pour atteindre l’entrée de MAGBALOGO, repérée la veille. Nous y tendons nos toiles et nos hamacs. Stéphane et Gilles sont motivés pour aller topographier la zone explorée la veille.

Il a plu toute la nuit. La rivière roule des eaux rouges et tumultueuses. Le niveau est monté de 50 à 60 cm. Il est hors de question de mettre un pied sous terre dans ces conditions. Il tombe des trombes d’eau toute la journée. Nous profitons d’une accalmie pour prospecter autour du campement. Nous traversons la rivière pour remonter le Thalweg qui mène à la grotte fossile explorée le 09/03 sans grand succès. Nous revenons jusqu’à la rivière et traversons en aval du canyon qui la précède en prenant mille précautions car le torrent est toujours furieux. Stéphane devine une entrée en haut d’une pente. C’est une entrée supérieure qui débouche en plafond à quelques dizaines de mètres en aval du porche d’entrée.

Les averses se sont calmées mais la rivière est toujours en crue. Nous décidons d’aller prospecter en amont de la rivière SULAT qui borde le massif. Nous espérons en remonter les affluents et découvrir des résurgences dont, pourquoi pas, celle de Mawoyog. Nos guides sont formels : ils n’y a qu’un seul affluent en rive droite (côté Mawoyog). A sa source une grotte : MABUSAG. Nous explorons 250 mètres de conduits très aquatiques en levant la topographie. Nous stoppons en raison de l’heure sur un passage d’où sort un violent courant d’air très prometteur.

Il aura fallu plus de 24 heures pour que la rivière de Magbalogo ne retrouve son étiage. C’est le moment ou jamais d’y faire une pointe. Le soleil montre son nez lorsque nous pénétrons sous le porche vers 12h00. Nous formons deux équipes pour optimiser nos travaux. Stéphane, Gilles, CathyR et Zar partent devant explorer et topographier la suite de la galerie principale, fourbus et ravis mais avec une mauvaise nouvelle : ils se sont arrêtés sur un siphon. La grotte pénètre la montagne comme un coup d’épée sur un kilomètre avant de faire un brusque virage et de se terminer sur une zone fracassée. L’eau s’engouffre dans un pertuis siphonnant, avec un fort courant extrêmement dangereux.

Aujourd’hui, nous retournons à Mabusag continuer l’exploration qui s’était arrêtée à 250m de l’entrée malgré les courtes averses de la nuit. Catherine R. a eu son plein d’émotion hier et reste au camp pour un repos bien mérité. June nous guide jusqu’à l’entrée où nous nous équipons rapidement en scrutant les nuages qui s’accumulent dans le ciel. Gilles a décidé de pousser la prospection plus au sud de la montagne pour rechercher d’autres affluents de la rivière Sulat. Il part seul avec son bâton en rotin et son petit couteau dans la poche. Nous apprécions la fraîcheur du bain forcé de la voute d’entrée de Mabusag et atteignons rapidement notre dernier point topo. Nous relevons les mesures en avançant, les vingt premiers mètres sont aquatiques nous n’avons pas pied. Les parois et le plafond forment un passage d’à peine un mètre de côté au-dessus de l’eau. La galerie s’élargit et nous pouvons reprendre pieds pour parcourir la suite de la cavité. Nous avançons rapidement en levant la topographie jusqu’à une cascade violente qui semble remplir tout l’espace entre les gros blocs effondrés. Zar me demande d’éteindre la lumière, je peux voir alors la cascade s’illuminer, la lumière du jour nous attend juste derrière. Stéphane et Cathy nous rejoignent. Je me sens des ailes et d’un pas acrobatique j’escalade les rochers entre les projections. L’obstacle passé, je lève la tête, un grand bout de ciel se découpe 50m au-dessus de moi. Nous sommes à la base d’un grand puits ouvert sur la jungle. La végétation dévore la paroi verticale. Stéphane me lance une corde pour assurer mes camarades pour qu’ils puissent me rejoindre en toute sécurité. Nous traversons la base du puits pour retrouver le cours du ruisseau souterrain qui hélas se termine sous un siphon entre la paroi et des blocs cyclopéens. Après une séance photos, nous prenons le chemin du retour, un peu déçus mais surtout émerveillés par la beauté du site. Nous retrouvons Gilles à la sortie. Il a remonté un affluent de la rivière de Mabusag sur plusieurs centaines de mètres entrecoupé de grandes cascades sans en atteindre la sortie. « Tu as raison, »me dit-il « toutes les rivières ne sortent pas d’une grotte ». Nous rentrons au camp juste avant la tombée de la nuit et nous fêtons dignement ces moments en trinquant à la beauté de nos découvertes.

Gilles et les deux Cathy suivent June, notre guide local, jusqu’à la résurgence supposée de Magbalogo. A 500 mètre à vol d’oiseau de la rivière Sulat, nous traversons le jardin de June pour remonter le ruisseau avant d’aboutir sur une série de petites cascades et les jolies marmites remplies d’une eau turquoise qui nous donne envie de nous baigner. Le débit de l’eau nous informe que ce n’est pas la résurgence de Magbalogo. C’est une jolie cavité très joliment concrétionnée qui se termine 150m plus loin sur un siphon. Nous terminons la topographie vers midi, c’est l’heure du pique-nique sur la berge de Sulat et l’heure de la première douche venue du ciel. Nous traversons et longeons le fleuve en rive gauche mais le canyon à fort débit ne nous permet pas de le retraverser pour repérer l’éventuel affluent venant de Magbalogo. Les averses sont plus drues, nous retournons au camp en espérant que Stéphane et Marcel sont ressortis de leur cavité.

Le ciel est bas lorsque nous y pénétrons. Le plafond aussi. Ce n’est pas très grand et il y a beaucoup d’eau. Nous décidons d’explorer à l’aller et de cartographier au retour. En quelques minutes nous sommes rendus au terminus. Le plafond rejoint la surface de l’eau. Nous avons passé 2 voutes mouillantes. Rien ne nous incite à rester longtemps dans ces parages. Dans une galerie annexe, nous avons la surprise de trouver des dépôts bleus sur les plafonds. Je prends quelques photos et un échantillon.

Une pluie violente nous accueille à la sortie. Nous nous abritons sous un tronc pour déguster un fond de salade de pâtes avant de rentrer au camp où nous partageons nos aventures avec nos camarades.

Il est tombé la mer et les poissons cette nuit. Et ça continue !

 

Camp canyon

L'ile de Biliran possède de nombreux canyons dont la plupart restent à ouvrir.

Notre ami Joni y a descendu plusieurs grandes cascades dans des conditions plus ou moins acrobatiques. Un de nos objectifs est de poursuivre sa formation ainsi que celle de ses assistants.

La météo ne s'est pas améliorée. Nous commençons par un repérage aux alentours de Tinago falls. En amont de la chute, la rivière nous offre déjà 2 cascades alléchantes.

Nous y descendons Ka tigahan falls et Ka papayag guti falls. Une cascade de 90m annoncée par nos guides restera cependant bien cachée dans la forêt.

Plus près de la cote, une belle rivière nous offre un dernier mais magnifique enchainement de cascades tout près des sources chaudes de Mainit. L'eau qui y coule est tiède et chargée de souffre. Nous aurons ouvert 4 canyons en tout. Ce repérage canyon fut un réel succès, nous préparons déjà notre retour pour l’année prochaine ou dans deux ans. On en est certain, il y a bien des gros canyons encaissés avec un gros débit sur l’île de Bilran aux Philippines.